vendredi 30 novembre 2012

Les GUIZIGAS





Je vous présente madame Djackaou  Juliene, qui m’emmène  faire un tour de Maroua. M Djackaou  est connue de tout le monde ici, c’est une femme énergique qui court du matin au soir, présidente de la fondation AGIR, elle côtoie les cultivateurs, monte des dossiers pour aider les gic et les associations. Elle cultive des arbres pour planter dans les écoles, s’occupe de ses champs, organise des repas pour l’université, bref elle n’arrête jamais ce qui désole son mari infirmier qui a peur pour la santé de sa femme.
Madame julienne fait partie de la tribu des guizigas. Elle m’amène sur un lieu sacré (le couli) clôturé et protégé par le ministère de la culture. C’est un grand arbre planté au milieu d’un terrain. Les guizigas étaient animiste à l’origine.
Elle raconte : Quand tu fais quelque chose de mal, ou quand tu utilises la femme de quelqu’un, de partout les guiziga viennent ici sous l’arbre et se mettent nu. Si tu es en faute le serpent te chasse. Tous les 15 novembre on fait des sacrifices sur la pierre, ce sont les voyants qui disent si c’est un mouton ou un coq … 

mercredi 28 novembre 2012

MOGAZANG

Formidable petit village à 10km de Maroua, inaccessible en saison des pluies, le reste du temps il faut un 4X4 sinon impossible de circuler sur des pistes complètement défoncées. Accueil chaleureux en danse et musique. Les agricultrices sont organisées en GIC (groupement d’intérêt collectif), l’équivalent des coopératives si j’ai bien compris. Ce statut leur permet de bénéficier de subventions ou de micro-crédit. La terre est aride ici et sans engrais, difficile de faire pousser quoi que ce soit. 
Malgré tout elles font pousser sésame, coton, mil ... Le Prefaden a construit un hangar qui permet de stocker les récoltes à l’abri des termites et autres bestioles.
Tout le village m’accompagne dans les champs en dansant et chantant. De retour au village, la chorale de l’église nous invite dans le cercle pour danser. Moments immortalisés avec ma caméra …
Les photos

lundi 26 novembre 2012

Les Kotoko

Depuis 2 jours, pratiquement impossible de travailler. Le débit de la connexion internet est très faible, voir inexistant. Donc : pas d'image. J'ai largement le temps d'alimenter le blog entre 2 clics de validation sur le site. Il me reste la page actu, un diaporama et une page contact à finaliser.



Il y a une multitude d’ethnies à Maroua, les plus nombreux étant les peuls. Plusieurs religions  cohabitent pacifiquement : musulmans, catholiques, animistes, chacun respecte la religion de l’autre. 

La grande majorité ici parle le français et le foufouldé.
Amine lui est un kotoko. Il me raconte : ce sont les blancs qui ont appelé les kotoko parce que quand ils tapaient sur la pirogue pour chasser les poissons dans les filets, ca faisait ko to ko, ko to ko.
Petit incident diplomatique dans la voiture. Je demande au jeune stagiaire de me parler des ethnies à Maroua. Il me dit : il y a les peuls, les arabes choa, les kotoko,
Attention tu te trompes dit Amine d’un air très énervé, les kotoko d’abord, les arabes choa sont venus après. Tension dans la voiture, Amine :
Jacques Chirac l’a dit quand il est venu à Garoua il a dit : je connais l’histoire du  Cameroun :  à l’origine les camerounais, ce sont les Kotoco.
Si Jacques Chirac l’a dit …. On sent le sujet sensible, j’apprends par la suite que des affrontements ont eu lieu en 199 entre les 2 ethnies.


vendredi 23 novembre 2012

Arbre sacré de Bassang

Madame Djakaou nous parle de l'arbre sacré de Bassang et de la bataille des français contre les allemands sur les terres de Maroua.
http://sabine-delongeas-maroua.blogspot.fr/p/videos.html

mardi 20 novembre 2012

Mon anniversaire

Du coup je vais vous présenter ma maison provisoire.
Je suis bien installée à l'hôtel du Sahel. Je prends tous mes repas ici dans le jardin, sauf le soir quand il y a trop de moustiques, je dîne dans ma chambre. Je prends un  traitement anti-paludisme, la région est infestée et beaucoup de gens ont des crises et certains en meurent,  surtout les enfants.
Le personnel est très sympa, les serveurs ont l'âge de mes enfants, je leur montre mes photos le soir, certains sont émus et on la nostalgie de leur village où ils ne peuvent pas souvent retourner. Ici ils travaillent souvent 7 jours sur 7.  Ce midi on va boire un coca pour fêter mon anniversaire. Ce soir je suis invitée chez mon directeur qui est une figure locale.
Bises à tous et mettez le champagne au frais pour  mon retour ...
Les photos de l'hôtel

ps : hier j'ai regardé les évènements de novembre 61 et figurez vous que je suis tombée sur Zizi Jeanmaire, mon truc en plumes. Ca m'a fait un choc, je me pensais pas si vieille !

samedi 17 novembre 2012

MAGA (extrème nord du Cameroun)



Aujourd’hui jamais je ne me suis sentie autant en Afrique. Départ pour le lac artificiel de Maga qui sépare le Tchad du Cameroun. 75 kms de piste avec des trous qui nous font bondir continuellement dans le 4x4.
Amine se marre en voyant ma tête : Les africains ils aiment bien quand ça saute dans la voiture.
Moi : à bon. Les voitures elles, elles doivent pas trop aimer.
Amine : Tu sais les voitures quand elles viennent en Afrique, elles savent qu’elles vont souffrir.  C’est comme toi si on te met en prison, tu vas pas aimer, c’est comme ca.
MDR
La chaleur : jamais eu aussi chaud. Dans cette région, il fait 40 à l’ombre. Dès que vous quittez la voiture, le soleil brûle la peau. La poussière … je vous laisse imaginer.
Des paysages fabuleux. La zone inondée pendant la saison des pluies est verdoyante. Des oiseaux magnifiques volent en tous sens. 

Les hippopotames sont de l’autre côté du lac coté Tchad, j’avais pourtant prévenu de mon arrivée !
Il faut faire un choix : j’ai l’occasion de rencontrer le sultan de Pouss récemment élu
et de visiter les cases obu ou Cases Mousgoum. J’abandonne à regret l’idée des hippopotames.
Après quelques tractations j’obtiens un entretien avec le sultan. C’est un homme jeune, affable, qui accepte d’emblée de répondre à ma curiosité. Il me reçoit dans une case d’une grande simplicité, je suis déçue, je m’attendais au palais des milles et une nuit. Il m’explique ses 3 principales fonctions : gardien des traditions, faire respecter la justice, faire le lien entre la population et l’administration….


Visites des case Mousgoum : 4 cases autour du grenier : la case cuisine, la case de la première femme, la case de la deuxième femme, la case de l’homme (la plus vaste, donc la plus fraîche).
Messieurs, arrêtez de rêver, ces cases sont juste là pour les touristes et pour ne pas oublier le passé. Inhabités depuis les années 70. Trop longues à construire…


Dernière visite sur le retour, je vois un camp de réfugiés. Je demande au chauffeur de s’arrêter. A l’entrée Pascal (tee_shirt jaune sur la photo), après quelques questions me propose de me faire visiter le camp. Il m’explique en septembre les inondations dues aux fortes pluies, l’eau du lac qui passe au-dessus de la digue, les maisons sous l’eau, les bêtes emportées. 6000 personnes se retrouvent sans abris, leurs maisons détruites. Le HCR intervient, construit un camp. Au début, beaucoup de diarrhées, de bilharziose, une crainte du choléra. Aujourd’hui plus de maladie, tout le monde va bien, l’eau est filtrée, des sanitaires sont installés partout.
Je demande aux hommes assis par terre : ça va, la vie est difficile au camp ? Non ça va.
Vous allez reconstruire vos maisons ? non, on attends que vous le fassiez.
(provoc, ironie, grosse flemme ? surement un peu de tout ça). Les femmes, elles, sont affairées dans le camp : elles s’occupent des enfants, font la cuisine, vont chercher du bois, de l’eau. Elles sont partout …
Voilà, ma grande journée africaine.

vendredi 16 novembre 2012

Merci

Merci pour vos messages. Ça fait chaud au cœur. La solitude est un peu pesante. Aujourd'hui un peu malade, j'en profite pour faire avancer le site qui est pratiquement terminé, je reporte les rendez-vous. Demain samedi : journée touristique à Maga, un grand lac où vivent des hippopotames....


Le site 

jeudi 15 novembre 2012

Dans la brousse

Le chef de Pourtamai Guiziga, petit village enclavé au pied de la montagne à une heure de piste de Maroua.


On part en brousse pour découvrir un village qui a bénéficié dans le passé d’un financement du Prefaden.  Je suis là pour témoigner de l’action du FPR et glaner des éléments pour le site.
Ils sont prévenus de notre arrivée et je ne vous dis pas la surprise quand je m’aperçois qu’ils m’ont réservé un accueil digne d’un ministre. Tout le village est réuni sous l’arbre. Les hommes assis sur des bancs d’école, les femmes par terre et moi ma place est sur une chaise au milieu de tous à côté du chef.
Séquence émotion
Je leur parle de Bordeaux, de la France, de ma mission. Chaque phrase est traduite par un interprète.
Ils sont tous accrochés à mes lèvres, limite gênée par la situation que je ne sens pas à la hauteur de leur attente. Mais en fait, je me dis qu’ils sont tout simplement heureux que quelqu’un s’intéresse à eux.
Tout le village m’accompagne pour me faire visiter les cultures.
Ensuite le chef m’invite à manger : je déguste les tomates, le riz cultivé et le poulet local. L’ambiance est très détendue.

Dialogue avec le chef du village :
moi : chef, si ce n’est pas impoli, je peux vous demander votre âge ? 47 dit -il
Ah, j’ai plus que vous, j’ai 51 la semaine prochaine. Il se marre : si j’avais su j’aurai dit 5 de plus pour avoir plus que toi. rires
J’ai 14 enfants et toi ?
moi 2.
A cette fois je te bats. rires
J’ai 3 femmes.  MOI ; c’est bon, je ne joue plus, tu as gagné ! tu es le plus riche
Eclats de rire ….
Avant on fuyait quand on voyait des blancs, maintenant on est content. Rires et il ajoute : Ils voulaient  nous envoyer à l’école…
Tu es la première blanche que je reçois chez moi au village. Avant j’habitais à Yaoundé et mon père est mort il y 5 ans. Je suis venu pour la cérémonie et ils m’ont dit : maintenant c’est toi le chef, tu dois rester là. Depuis je ne suis pas reparti, j’ai tout laissé à Yaoundé, j’étais venu avec une valise...
Des photos de ma visite